Texte intégral du livre :

"LES PRISONS DU MONT SAINT MICHEL"

par ETIENNE DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

peine des travaux forcés" : le même décret prescrivait d'y détenir jusqu'à leur départ pour une destination définitive les individus ayant encouru la peine de déportation. La garde en était la 43ème compagnie des vétérans dépendant de Cherbourg.
Par malheur, cette augmentation considérable en population pénitenciaire fit continuer l'oeuvre, si préjudiciable au monument, de sa désaffectation, oeuvre commencée en 1811. De nouveaux ateliers furent créés, d'affreuses cloisons détruisirent les plus belles pièces ; les hommes furent dans la Salle des Chevaliers (1) et les femmes dans le Réfectoire des Moines ; l'Eglise Abbatiale fut transformé en une filature de coton et la sacristie en cuisine ; aussi Charles Nodier s'écriait-il : " Le chant des saintes solennités y est remplacé par le cri aigu de la scie, le sifflement du rabot et le retentissement de la cognée." Le voyageur Walsh écrivait de son côté : "L'Eglise, hélas, est un réfectoire, le cloître un préau ... Figurez-vous ces malfaiteurs, ces prostituées sous ces beaux cloîtres où les disciples du vénérable Robert venaient méditer en paix."
C'est ainsi qu'en 1818, plus de 600 prisonnniers remplissaient les plus belles salles du Mont Saint Michel.
On continua, d'après les caprices de politique à enfermer les détenus d'état ; les rouges succédaient aux blancs : Baboeuf, Mathurin Bruno et le conventionnel Le Carpentier, condamné le 15 mars 1820, y vécurent de longs jours. Les religieux racontaient que le farouche Le Carpentier, mort au Mont le 27 janvier 1829 assistait tous les jours à la messe, sauf le 21 janvier, anniversaire de l'éxécution de Louis XVI.
Après la révolution de Juillet, de nouveaux proscrits furent enfermés au Mont ; parmi eux, on peut citer : Prospert, Roulier, du Tillet, Tharin, Frémendière, Potier, Desclos, Jeanne, Elie, Stuble, Lepage et Blondeau.

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(1) Une vieille gravure du temps nous montre un détenu, Mathurin Bruno, le prétendu Louis XVII, occupé à travailler du bois tou en chantant :
Faut r'prendre le métier
Non d'un sabot, c'est rude !

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