Toute
une littérature fit alors éclosion au Mont Saint Michel. Tout le monde écrivait, vers ou prose et la contagion
gagna le médecin qui éprouva le besoin de consigner
ses impressions dans un opuscule dont le titre est vraiment curieux
: "Episode littéraire pour servir à l'histoire
des ouvriers de la pensée relatif au testament médical
philosophique du Docteur Dumons de Montaux, dernier médecin
pénitenciaire du Mont Saint Michel."
Certes, ce n'était pas une sinécure que la place
de directeur, de médecin et d'aumönier, dans la fameuse
prison.
Les fonctionnaires, les gardiens et jusqu'au plus modeste gardes-chiourme
étaient continuellement dénoncés par leurs
victimes ou s'espioninaient entre eux. L'administration supérieure
refusait, disait-on, aux médecins les remèdes nécessaires
; l'aumônier était traité de monstre en soutane
; le directeur de barbare, de Néron galonné (sic)
; l'aumônier surtout était villipendé. On
l'accusait d'être l'inventeur des grillages destinés
à rendre plus étroite la surveillance des prisonniers
et leur détention plus rigoureuse, plus atroce. Auguste
Blanqui écrivait à son ami Fulgence Girard, avocat
du barreau d'Avranches : "C'est un étrange personnage
que cet aumônier charpentier qui à un grand fils
commis aux écritures, qui ôte sa chasuble après
la messe, pour grimper sur les charpentes, qui pose et scelle
les verroux, construit les portes des cachots, qui confesse et
claquemure ses ouailles. Il est connu comme un homme avide, sans
foix, méchant, faux ; il est sale comme un peigne et laid
comme le plus laid des singes. C'est lui qui a imaginé
les grandes grilles qui ont transformé nos cellules en
cage de fer." Bientôt la Presse s'en mêla. Le
Journal d'Avranches (1) livra à l'indignation publique
les fonctionnaires coupables d'exercer sur les détenus
les plus cruels traitements. Directeurs, médecin, aumônier,
gardiens protestèrent (2). Le sous-préfet fit une
enquête sur place ; le procureur du roi s'émut et
ouvrit une information, mais
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(1)
Journal d'Avranches, n° du 25 avril 1848.
(2) Même journal, n° du 2 mai 1848.
"Les
Prisons ..." page 1, "Les
Prisons ..." page 2, "Les
Prisons ..." page 3, "Les
Prisons ..." page 4
"Les Prisons ..." page 5,
"Les Prisons ..." page 6,
"Les Prisons ..." page 7,
"Les Prisons ..." page 8
"Les Prisons ..." page 09,
"Les Prisons ..." page 10,
"Les Prisons ..." page 11,
"Les Prisons ..." page 12
"Les Prisons ..." page 13,
"Les Prisons ..." page 14,
"Les Prisons ..." page 15,
"Les Prisons ..." page 16
"Les Prisons ..." page 17,
"Les Prisons ..." page 19,
"Les Prisons ..." page 20,
"Les Prisons ..." page 21
"Les Prisons ..." page 22