Le
17 juillet 1839, les portes du Mont Saint Michel se refermèrent
sur Armand Barbès, Martin Bernard, Delsade et Austen. Ils
furent immédiatement conduits à la Perrine, formidable
tour carrée édifiée à la fin du quatorzième
siècle par Pierre Le Roy, qui la baptisa de son prénom.
A la fin de l'année d'autres proscrits vinrent les rejoindre
: Martin Noël, Rondel, Guillemain, Bezenac. Leur arrivée
rompit un peu la monotonie sévère de leur réclusion.
Plusieurs femmes, accompagnant leurs maris, furent autorisées
à résider dans la ville du Mont et à visiter
de temps en temps les détenus. Les 5 et 6 février
1840, arrivèrent, Blanqui, Charles, Herbulet, Quignot,
Godard, Hendrick et Dubourdieu. La vie de ceux ci est restée
un peu mystérieuse pour nous. Les autobiographies que les
prisonniers ont écrites sont sujettes à caution
et il est très difficile de découvrir la vérité
dans ces pages véhémentes, écrites sous le
coup de la colère ou de l'indignation. Il sembien bien,
toutefois, que les directeurs des prisons, exagérent leurs
responsabilités, prirent quelques mesures beaucoup trop
sévère pour prévenir l'évasion de
leurs détenus (1).
Armand Barbès resta au Mont jusqu'en 1846, époque
à laquelle il fut transféré à la citadelle
de Doullens. Il y écrivit une partie de ses mémoires
publiés à Paris, en
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(1)
Le Mont Saint Michel causait alors un véritable effroi
à ceux qui, déjà détenus ailleurs,
couraient risque d'être transférés au Mont.
Au cours de la session de 1839, Garnir Pagès s'exprimait
ainsi : "Les condamnés qui sont à Sainte Pélagie
redoutent par dessus tout le transfert à Melun, à
Poissy et dans d'autres maisons centrales. A Melun et à
Poissy, les condamnés redoutent par dessus tout leur transport
au Mont Saint Michel et je puis, à cet égard, citer
un fait saillant, bien remarquable. Des détenus étaient
à Poissy. Ils redoutaient d'être transférés
au Mont Saint Michel. Que firent-ils ? Ils brisèrent avec
intention une porte et forcèrent un tiroir où ils
prirent un canif et quelques plumes. Ils se firent traduire devant
la cour d'assises de Versailles ; là, comme l'avocat général
concluait à quelques années de détentions,
ils se récrièrent et, citant le texte de la loi,
ils firent voir que c'étaient les travaux forçés
qu'ils avaient encourus et mérités. Ainsi, il est
un lieu en France où l'on doit être traité
de telles sorte que, froidement et par un calcul fait à
loisir, on préfère les travaux forçés
à l'habitation de ce lieu et c'est celui que l'on choisit
pour les condamnés politique."
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