Ils
revenaient sur leurs pas, ou s'écartaient, malgré
tous les soins qu'ils prenaient, de la direction de l'Italie.
Et, ils se demandaient en s'émerveillant, comment ils pouvaient
tant marcher, sans jamais avancer leur route. Bien des jours ils
errèrent ainsi.
- Notre Seigneur dirent-ils, nous a envoyé au Mont qui
est proprement à saint Michel, et nous devons aller à
Gargan, en Italie.
Mais, voilà qu'ils apprirent qu'il est un autre Mont, dédié
à saint Michel, où un moustier vient de lui être
consacré. Alors, ils prièrent le Ciel de les éclairer,
et l'archange de les conduire où ils devaient aller.
Le jour passa, et, quand il fut nuit, l'archange apparut à
chacun d'entre eux pendant son sommeil. Il leur dit d'aller au
Mont appelé Tombe au pays d'Avranches. Il leur dit aussi
qu'il aimait beaucoup ce Mont et souvent le visitait.
Le lendemain matin, ils se levèrent et parlèrent
de leur vision; puis se mirent en route, ayant demandé
le chemin d'Avranches.
Après avoir marché plusieurs jours, ils virent le
Mont et son église toute blanche. Ils frappèrent
à la porte des chanoines,
et contèrent leur histoire, comme elle fut; puis ils présentèrent
l'écu et l'épée.
Avec grande joie ils furent reçus, et comme ils paraissaient
hommes sincères et honorables, on leur accorda pleine créance.
Avec grande piété les armes furent reçues.
Elles étaient le témoignage de l'invisible combat
que saint Michel livra au diable,
le combat contre le dragon comme la preuve de l'autre, qui est
décrit dans saint Jean.
On prit le nom des hommes et on l'inscrivit dans les chartes du
Monastère; mais quand l'église brûla, ces
noms furent perdus avec les chartes.
SAINT
MICHEL OFFRE SON CIERGE A DIEU.
Pour
honorer saint Michel, en l'église du Mont, un cierge brûlait
toujours devant son image, de jour comme de nuit.
Pourtant, un certain matin, en arrivant avec un serviteur, le
sacristain trouva que le cierge brûlait devant le crucifix.
Bien vite, pensant à une négligence de sa part,
il changea le cierge de place, et le mit devant l'archange. Il
y était à peine placé, que saint Michel le
reprit pour le porter devant l'image du Seigneur. Cette chose,
à vrai dire, ils ne la virent pas, ils ne comprirent pas,
sur le moment, qui leur prenait le cierge. Ce qu'ils virent, c'est
le cierge élevé en l'air et revenir prendre sa place
devant le crucifix.
Alors, le moine, fort intrigué, s'en alla vers son Abbé,
et, le prenant à part, lui raconta le miracle.
L'Abbé réunit le Chapitre le lendemain, puis fit
venir le sacristain.
Il lui dit de dire la vérité sur ce qu'il avait
vu au moustier. Ce que celui-ci tit, comme il vient d'être
dit.
Un vieux moine parla alors.
- Seigneur, dit-il, je pense que notre protecteur nous a repris
courtoisement. Il nous a montré que nous étions
tous des vilains quand nous laissions l'image de notre Créateur
sans luminaire nuit et jour. Nous agissions à rebours,
quand nous honorions une autre créature, plus que Celui
qui nous fit tous. Saint Michel y a pris bien garde, et, il l'a
fait très courtoisement quand il a présenté
son propre cierge à son Seigneur, comme celui-ci l'a raconté.
On ne le lui doit plus prendre, quand celui-là donne ainsi
ce qu'il avait. A mon avis, pour bien faire, le crucifix doit
avoir le cierge.
L'Abbé a approuvé ce jugement, et tout le monde
également. Ainsi le cierge est demeuré au crucifix,
où il fut placé dans une lanterne de corne.
QUAND
SAINT MICHEL VISITE LE MONT.
L'évêque
d'Avranches, qui était alors Dom Norgout, avait visité
l'Abbé du Mont. Ils se quittèrent à la tombée
de la nuit, se promettant de se rencontrer à nouveau le
lendemain, à mi-route entre Avranches et le Mont, pour
poursuivre leur conversation. L'Abbé s'en fut donc vers
son abbaye et l'Evêque vers son évêché.
Quand l'Evêque eut bien fini de chanter ses matines
en l'église d'Avranches, il était encore nuit, et
il alla se coucher. En y allant, il regarda dehors par une fenêtre,
et vit le Mont et le moustier tout en flammes.
Il montra cet embrasement à ceux qui l'accompagnaient.
Les uns le virent, les autres non. A mon avis, les bons seuls
pouvaient voir, mais non les mauvais.
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SOMMAIRE
LE
MONT AU TEMPS DES GAULOIS
LA
LEGENDE DU LOUP
SAINT
AUBERT :
- Son élection à
l'évêché d'Avranches
- Le dragon légendaire
- Saint Michel apparait à Saint
Aubert
- La légende de Bain
- Voyage au Mont Gargano
- La consécration de l'Eglise
- La fontaine miraculeuse
- Mort de Saint Aubert
CURIOSITE
PUNIE D'UN CHANOINE
LES
ARMES DE SAINT MICHEL ET LE SERPENT DU ROI ELGA
A
LA RECHERCHE DU MONT
SAINT
MICHEL OFFRE SON CIERGE A DIEU
QUAND
SAINT MICHEL VISITE LE MONT
UN
CHANOINE DEROBE LES RELIQUES DE SAINT AUBERT
LE
MONT DANS L'HISTOIRE
MONUMENT
HISTORIQUE
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