fois
la semaine. C'est une légende; on la retrouve même
en Angleterre.
Il semble bien qu'au moyen-âge, la chair du marsouin ait
été recherchée; on lit, en effet, dans une
note de Thomas Le Roy, chroniqueur de l'abbaye, « que le
7 juillet 1648 la communauté se régala d'un petit
marsouin de cinq pieds et demi, abandonné par le flot,
près le rocher de Tombelaine. » N'empêche que
le turbot était plus estimé. En mai 1646, on en
pêcha un « parfaitement beau, gros et grand »;
il fut même jugé digne de figurer sur la table de
l'évêque d'Avranches,
après une délibération des religieux. Quand
les pêcheurs apportèrent au couvent des mauristes
cette pièce superbe, comme c'était leur devoir,
le prieur rassembla ses frères et leur demanda ce qu'il
convenait de faire du poisson. Le plus jeune moine, qui opinait
le premier, déclara qu'il fallait le manger : il n'avait
pas oublié, on le voit, la gourmandise du siècle;
le trésorier, qui était souvent à court d'argent,
estima qu'il fallait le vendre aux poissonniers de Dol ; ils en
offriraient un bon prix, en raison de leur riche clientèle
de Saint-Malo; le cellérier, qui distribuait les aumônes,
dit que ce serait œuvre méritoire et charitable de
donner le turbot, par tranches, aux pauvres gens qui se présentaient
chaque mercredi et chaque samedi à la porte du monastère
pour y recevoir des dons en nature; le sous-prieur conseilla de
le faire saler; il servirait, durant le carême prochain,
à alimenter la table des détenus de l'ordre du roi;
ceux-ci se plaignaient