Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Allons ! allons ! ne te fâche pas, cousin Méloir. Une fois ou l'autre, je te rendrai tes armes. À présent, nous n'avons plus que le bâillon à mettre.
Il était trop tard pour faire résistance.
Méloir se laissa bâillonner.
Mais il ne restait plus trace de son excellent caractère. Il roulait dans sa tête de féroces pensées de vengeance.
Aubry lui souhaita courtoisement le bonjour et donna du gantelet dans la porte.
Il frappait à tour de bras, se souvenant que le bon frère Bruno avait dit : «Je vais à matines».
Mais il paraît que le bon frère Bruno s'était ravisé, car au premier coup la porte s'ouvrit.
Aubry ne put s'empêcher de faire un pas en arrière.
-Il était là ! pensa-t-il ; il a dû tout entendre. Et comme, au même instant, Méloir se leva brusquement, poussant des cris inarticulés sous son bâillon, Aubry se vit perdu.
-Qu'a donc ce maître fou ? s'écria cependant le bon frère Bruno.
Sire chevalier, donnez-lui du plat de votre épée entre les deux épaules !
Méloir s'était élancé vers la porte. Il cherchait à mettre son visage en lumière et à se faire reconnaître du moine convers.
Mais celui-ci se tournant vers Aubry :
-Je n'ai jamais vu le prisonnier comme cela ! dit-il, vous l'aurez donc fait boire, sire chevalier ? En l'an trente-neuf, nous avions un captif du nom de Thomas Gréveleur, qui devint maniaque dans ce même cachot.
J'ai envie de vous conter son histoire. Figurez-vous que ce Thomas Gréveleur...
Méloir se démenait furieusement.
-Sortons ! dit Aubry qui était tout pâle et qui s'étonnait que la méprise du frère pût se prolonger ainsi.
Le bon Bruno fit retraite aussitôt, et comme Méloir s'attachait à lui, le bon Bruno ne crut pouvoir moins faire que de communiquer à ce prisonnier récalcitrant un coup de poing paternel.
C'était un digne poignet que celui du bon moine. La poitrine de Méloir sonna comme un tambour. Il chancela et tomba sur la paille.
-Voire ! dit Bruno indigné, ce n'est pas ma besogne que de caresser les fous ! je m'en suis fait mal à la deuxième phalange du doigt annularius...
Aubry avait passé le seuil. Bruno le suivit, parlant toujours et grondant

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