de
Cancale; mais le regard se fixe de préférence sur
le Mont Saint-Michel qui, dans l'est, profile sa silhouette déchiquetée.
Du Mont Dol, on dirait qu'il est en pleine terre, parce que les
campagnes qui se déroulent à vos pieds remontent
jusqu'à un plan assez lointain pour masquer les grèves
qui entourent l'abbaye normande. Dans le sud, ondulent les coteaux
de Beaufort, tout empanachés de bois et les collines inégales
de Bécherel; plus près, une vingtaine de clochers
piquent la bruyère et le marais, semblables à des
sentinelles avancées qui protégeraient la cathédrale
de Dol à la belle robe de pierre.
Figurons-nous, maintenant que nous sommes aux premiers jours de
l'été de 1399 et frappons discrètement à
la porte de l'humble prieuré, construit sur le Mont Dol,
à l'orient de la chapelle Saint-Michel, Un moine de l'ordre
de Saint-Benoît vient nous ouvrir : il a nom Nicolas
Delaunay; c'est un savant et c'est un sage; il a beaucoup de piété
et ne manque pas d'esprit; ces choses ne sont pas inconciliables.
Nicolas Delaunay connait très bien l'histoire de son prieuré;
il vous avouera, avec un gros soupir que la concorde n'y régna
pas toujours : les chanoines bretons
de la cathédrale de Dol et les religieux du Mont Saint-Michel
se chicanèrent, souvent, à son sujet; il fallut
qu'un pape s'en mêlat pour apaiser les plaideurs acharnés.
Nicolas Delaunay est poète à ses heures; il adore
les légendes, où rayonne Madame Marie et où