gance,
Madame Poulard avait confectionné une omelette rosée,
baveuse, savoureuse à souhait, et qu'elle offrait elle-même
à ses hôtes : "Voilà Messieurs ! Vous
n'aurez pas attendu trop longtemps. Ne craignez pas, on vous prépare
une seconde omelette."
Et en effet, on repassait le plat, au grand étonnement
et à la grande joie des convives.
Autour de l'omelette de la "Mère Poulard", c'est
un cycle de légendes qui s'est formé. Tous les maîtres-queux
du monde ont émis la prétention d'en révéler
le secret. Tel livre de cuisine nous apprendra, par exemple, que
Madame Poulard écartait une partie des blancs d'oeufs,
dans la proportion de un sur trois, et versait dans la poêle,
au cours de l'opération, un verre à bordeaux de
crème fraîche. Erreur.
"Pouvez-vous croire, disait l'hôtesse de Saint Michel
Tête d'Or, pouvez-vous penser que j'aurais perdu tous ces
blancs ? Non. Je prenais les oeufs et les battais tels quels.
Quand à la crème, pure invention. - Ce qui est vrai,
c'est que nous avions toujours le meilleur beurre du pays et toujours
très frais.