sans détours
: "Avez-vous fait un bon voyage ? ... Passez vite à
table, car vous devez être mort de faim ... Madame, donnez
moi ce manteau, que je le fasse sécher ... Soyez tranquille,
on vous le rendra repassé pour la visite du château
(1). Prenez cette écharpe en attendant ... Et cet enfant,
n'a-t-il pas eu peur ? ... Maintenant, remettez-vous. Prenez votre
temps. Mangez bien. Et quand vous aurez fini, on vous montrera
le chemin."
De fait, les voyageurs arrivaient affamés, la plupart du
temps ; ils suppliaient qu'on les servît sans aucun retard.
Mais le moyen de leur donner satisfaction ? L'incertitude de l'heure
et du nombre n'était-elle pas un obstacle invincible à
une préparation éloignée ? Il fallait improviser
quelque chose.
Madame Poulard comprit que l'omelette seule, pouvait résoudre
le problème. Pendant que le client prenait place à
table, on cassait les oeufs, on les battait ; un grand feu de
bois - de bois très sec toujours - flambait dans l'être.
En un tour de main d'une suprême élé-
(1) Il y a quelque cinquante ans, les vieux montois appelaient
"Château" l'Abbaye.