goglus
(1) de toutes les belles époques - c'était un tumulte
indescriptible. A grand renfort de cris, d'appels, de protestations,
de renchérissement, on se partageait les voyageurs ahuris,
empoignés, tiraillés, finalement résignés
et amusés. Tout au long des âges, ce fut ainsi. Le
visiteur se laissait conduire docilement à l'auberge qui
avait l'heur de posséder les rabatteurs les plus audacieux
ou les plus persuasifs.
A "Saint Michel Tête d'Or", il était salué
par le plus gracieux sourire de l'hôtesse, en tablier et
manches de lustrine. Ah ! le sourire de Madame Poulard ! Combien
éloigné du sourire commercial ! Il donnait aux étrangers
l'impression très nette qu'ils franchissaient le seuil
de la maison familiale.
C'est une mère qui reçoit ses enfants, avec un empressement
sans feinte, une simplicité
(1) Goglus, pisteurs, rabatteurs, à la solde des hôtels.
Mot d'origine incertaine, selon Littré, mais dans lequel
Diez incline à voir un radical gog, qui a le sens de tromper,
dans le celtique. - Dans ses Curieuses Recherches du Mont
Saint Michel, I. page 342, Dom Thomas Le Roy rapporte
une ordonnance de l'archidiacre, prieur de l'abbaye, en date du
26 mai 1646, et qui a pour objet la répression de faits
graves commis par les goglus de ce temps, au détriment
des pèlerins.