domaines
divers - quoique plus humbles - qu'il se réservait, une
parfaite indépendance. Il eut en outre la vertu de ne pas
se soustriare à l'empire du coeur, quand pour le préserver
d'un petit défaut mignon, trop répandu dans ce milieu
de marins-pêcheurs, Madame
Poulard faisait appel à l'affection de son mari.
La mort ne brisa les liens qu'en apparence. Sans y manquer un
seul jour, la veuve s'imposa d'aller, chaque soir, sur la tombe
de son "pauvre bonhomme". On la voyait donc, à
la brune, gravir l'escalier qui mène au petit cimetière
des concessions. Là, elle s'attardait dans une contemplation
muette ; puis ses lèvres remuaient. Elle faisait "avec
lui", comme jadis, sa prière. Elle disait enfin affection
inaltérable et so nespoir de rejoindre là-haut celui
qui l'y avait précédée.
Depuis longtemps déjà - on se sait pas trop pourquoi
- une légende s'était formé. Les étrangers
étaient convaincus que Madame Poulard était morte
; ils cherchaient sa tombe parmi celles qui avoisinent l'église
paroissiale. On avait peine à les détromper.