l'abbaye,
quand celle-ci était attaquée par les brigands de
Bretagne. Au cours des siècles, on lui donna des sœurs
et, grâce à la générosité des
Rois de France, des princes de l'Eglise et des dévôts
pèlerins, le carîllon du Mont Saint-Michel fut un
des plus beaux du monde; malheureusement le feu du ciel détruisit
souvent la tour et les cloches fondaient
dans le brasier.
Parmi ces cloches il y en avait toujours
une qui avait une mission spéciale : « donner adresse
aux, pauvres gens égarés dans le brouillard. »
On l'appellait pour cette raison la cloche de brume.
Au commencement du XVIIIe siècle, elle fut fêlée.
La tradition voulait que, dans certaines circonstances, le seigneur
de Fougères sonnât cette cloche, jusqu'à ce
que le prieur du Mont, ému de sa fatigue, lui retirât
la corde des mains. C'était une sorte de pénitence.
Un jour, le seigneur du dit lieu, qui avait sur la conscience
de gros péchés d'infidélité conjugale,
demeura si longtemps cramponné à la corde qu'il
agitait fièvreusement, que la cloche fut fêlée.
Les religieux furent désolés ; leurs lamentations
parvinrent jusqu'au delà du Rhin à leur abbé
commendataire : c'était un allemand.
« Horreur ! » s'écria la grosse dame patriote.
« Il s'appelait Fritz Karcq von Bebamburg von Bemberg von
Kirckenstein ... »
« Assez ! Assez, Monsieur, ou je défaille, »
soupira la dame.
« Cet allemand n'était jamais venu à son