gourde
pleine d'une eau puisée à la fontaine
Saint Aubert, à l'endroit même où le protecteur
de l'abbaye était apparu, plusieurs fois, à l'évêque
d'Avranches, dans les dernières années du VIIIe
siècle. Et voilà que l'enfant, ayant bu quelques
gorgées de l'eau merveilleuse, redressa son petit corps;
ses doigts se desserrèrent peu à peu; ses membres
se détordirent et sa bouche, qui longtemps avait baisé
les médailles micheliennes, ne se contracta plus sous l'effort
des spasmes horribles. Saint Michel avait fait un miracle.
Et c'était de ce miracle que le bon chapelain, oncle de
Guillemette, voulait aller remercier le grand archange, à
son sanctuaire même et il avait fait vœu de se rendre
au Mont en compagnie de sa nièce, avant le 29
septembre, jour de la solennité de saint Michel.
L'ordonnance du roi insulaire le contraignait à ne point
tenir sa promesse; il se larnenta beaucoup et Guillemette pleura
à chaudes larmes.
Mais il arriva que, sans doute par l'intercession
de l'archange, le cœur des cruels Godons se laissa toucher.
Les Anglais ne maintinrent pas longtemps leur prohibition, soit
que, bons catholiques, ils éprouvassent
des remords en empêchant les fervents de saint Michel d'accomplir
leurs pèlerinages à un sanctuaire que leur roi Edouard
le Confesseur avait enrichi de ses dons et entouré
d'une dévotion particuIière, soir plutôt qu'en
gens pratiques, ils eussent