"Ces
paroles m'émurent grandement, et je ne pus reposer le reste
de la nuit. Je me mis donc à prier Dieu et à le
supplier qu'il permit que je fus trompé, mais que, si c'était
sa volonté que je fis ce qui m'avait été
révélé, il me fit connaître son désir
plus clairement, puisqu'il nous enseignait par son apôtre
saint Jean d'éprouver les esprits, pour savoir s'ils étaient
de Dieu.
"Et, ne me contentant pas de prier plus fermement sa divine
Majesté à ce sujet, je commençais à
jeûner et veiller plus que de coutume et à secourir
les pauvres avec un soin très particulier, ainsi que vous
avez pu voir, ces jours passés, espérant que, par
le moyen de leurs prières, j'obtiendrais ce dont mes péchés
me rendaient indigne.
"Enfin, hier, m'étant couché, j'eus beaucoup
de peine à m'endormir, la pensée de ces visions
me venant toujours à l'esprit, néanmoins, à
la fin, la lassitude du corps assoupit tous mes sens.
"Etant ainsi endormi, voici que je vis cet archange, qui
me reprit très aigrement de mon incrédulité
et me blâmant d'être trop tardif à croire,
me donna un coup de doigt sur la tête, dont vous voyez la
marque.
"Alors, tout tremblant de peur, je lui demandais à
quel endroit du Mont-Tombe il désirait qu'on lui érigea
cet oratoire. « Il me dit qu'il voulait que ce fut au lieu
où je trouverai un taureau
lié, qu'un larron a dérobé depuis quelque
temps et caché en ce Mont, attendant l'occasion de le pouvoir
mener au loin pour le vendre, et il m'a engagé de le rendre
à celui auquel il appartient. Quant à ce qui touche
la grandeur de l'oratoire, il m'a dit que ce serait tout l'espace
que je trouverai foulé par les pieds du taureau."
Ces paroles du saint Evêque n'éveillaient aucun doute
dans l'esprit des assistants, et de plus ils voyaient, en sa tête,
le trou que l'archange lui avait fait, ce qui était une
preuve très certaine de la véracité de son
récit. Car chacun savait qu'il n'avait auparavant ce trou,
et qu'humainement il n'aurait pu vivre avec une blessure semblable,
ce qu'il fit cependant et pendant encore quinze années.
Tous étaient prêts, avec joie à suivre leur
pasteur, jusqu'au lieu choisi par l'ange et ils avaient hâte
de contempler cette place tant aimée de saint Michel.
Ils se mirent en route, chantant des hymnes et des cantiques,
et le peuple, mis au courant de la vision du saint Evêque,
s'était joint à eux et saint Aubert au milieu de
tous était ravi en Dieu, et le bénissait d'avoir
donné à la France et
par particulièrement à son pays de Neustrie, qui
est la Normandie d'aujourd'hui, saint
Michel pour défenseur.
Ayant ainsi cheminé trois heures par des chemins âpres
et raboteux (ce qui prouverait que la mer n'était pas encore
parvenue au rocher, et n'avait pas encore réduit en grève
tout le grand espace compris entre celui-ci et Avranches), ils
arrivèrent au pied du Mont. Tous firent place à
saint Aubert, qui monta le premier. Arrivé au sommet, il
trouva ce que l'archange lui avait dit.
Le taureau longuement attaché pour qu'il puisse trouver
sa nourriture fut emmené pour être rendu à
son propriétaire. L'espace foulé fut trouvé
humecté d'une forte rosée qui en précisait
la
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SOMMAIRE
LE
MONT AU TEMPS DES GAULOIS
LA
LEGENDE DU LOUP
SAINT
AUBERT :
- Son élection à
l'évêché d'Avranches
- Le dragon légendaire
- Saint Michel apparait à Saint
Aubert
- La légende de Bain
- Voyage au Mont Gargano
- La consécration de l'Eglise
- La fontaine miraculeuse
- Mort de Saint Aubert
CURIOSITE
PUNIE D'UN CHANOINE
LES
ARMES DE SAINT MICHEL ET LE SERPENT DU ROI ELGA
A
LA RECHERCHE DU MONT
SAINT
MICHEL OFFRE SON CIERGE A DIEU
QUAND
SAINT MICHEL VISITE LE MONT
UN
CHANOINE DEROBE LES RELIQUES DE SAINT AUBERT
LE
MONT DANS L'HISTOIRE
MONUMENT
HISTORIQUE
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