Au-dessus
de la salle des chevaliers, le cloître.
L'Aire de Plomb, comme on l'appelait, parce que la cour, comprise
entre les quatre galeries, était recouverte en plomb, pour
protéger la voûte de la salle inférieure.
À mesure qu'on montait, le roman disparaissait pour faire
place au gothique, car l'histoire architecturale du Mont-Saint-Michel
a ses pages en ordre, dont les feuillets se déroulent suivant
l'exactitude chronologique.
Le soleil de midi éclairait le cloître, qui apparut
aux pèlerins dans toute sa riche efflorescence :
Un carré parfait, à trois rangs de colonnettes
isolées ou reliées en faisceaux qui se couronnent
de voûtes ogivales, arrêtées par des nervures
délicates et hardies.
Le prodige ici, c'est la variété des ornements dont
le motif, toujours le même, se modifie à l'infini
dans l'exécution, et brode ses feuilles ou ses fleurs de
mille façons différentes, de telle sorte que la
symétrie respectée laisse le champ libre à
la plus aimée de nos sensations artistiques : celle que
fait naître la fantaisie.
Aussi, cette échelle de soixante pieds que nous venons
de gravir, depuis la base des tourelles jusqu'à l'aire
de plomb, en passant par la salle des gardes, le grand réfectoire,
le dortoir, la salle des chevaliers, le cloître, avait-elle
reçu, des visiteurs éblouis, le nom générique
de la Merveille.
À l'angle nord du cloître, il y avait un tronc de
bois sculpté, devant lequel monsieur le prieur s'arrêta
en faisant sonner son bât.
-Monsieur Gilles de Bretagne dit-il, dont Dieu ait l'âme
en sa miséricorde, mit dans ce tronc quarante écus
nantais, en l'an trente-sept, le quatrième jour de février.
François prit une poignée d'or dans son escarcelle,
la jeta dans le tronc, se signa et passa.
La procession tourna l'angle du
cloître pour gagner la basilique.
Mais ce n'est pas le grand soleil
qu'il faut à cette architecture sarrasine pour qu'elle
répande tout ce qui est en elle de mystérieux et
de pieux. Ses grâces un peu bizarres, ses effets imprévus
en quelque sorte romanesques, ont plus besoin d'ombre encore que
de lumière.
Et cela est si vrai, que nous assombrissons à plaisir les
vitraux de nos