cathédrales,
afin que le jour glisse à la fois moins clair et plus chaud
dans ces forêts de granit qui ont leurs racines sous le
marbre de la nef et qui entrelacent à la voûte leurs
branches feuillées ou fleuries.
La basilique de Saint-Michel n'était pas entièrement
bâtie à l'époque où se passe notre
histoire. Le couronnement du chœur
manquait ; mais la nef et les bas côtés étaient
déjà clos. L'autel se dressait sous la charpente
même du choeur qui communiquait avec le dehors par les travaux
et les échafaudages.
Le duc François s'arrêta là. Il ne monta point
l'escalier du clocher qui conduit aux galeries, au grand et au
petit Tour des fous et enfin
à cette flèche audacieuse où l'archange saint
Michel, tournant sur sa boule d'or, terrassait le dragon à
quatre cents pieds au-dessus des grèves [1].
Les tentures funèbres cachaient la partie du choeur inachevée.
Les moines se rangèrent en demi-cercle, autour de l'autel.
La grosse cloche du monastère tinta le glas.
Les six dames du deuil s'agenouillèrent sur des coussins
de velours, derrière le dais qu'on avait tendu pour le
duc François.
Jeanne de Bruc et Yvonne-Marie de Coëtlogon occupèrent
les deux premiers coussins.
Elles représentaient madame Isabelle d'Écosse, duchesse
régnante et Françoise de Dinan, veuve du prince
décédé.
Parmi les gentilshommes, Malestroit représentait monsieur
Pierre de Bretagne, frère du duc, et le vaillant Jean Budes,
souche de la
1 :
Le campanile et l'archange qu'il supportait ont été
détruits par la foudre.