maison
de Guébriant, se mit aux lieu et place d'Arthur de Bretagne,
connétable de Richemont, absent pour le service du roi
de France.
Aux frises tendues de noir, la devise de Bretagne courait en festons
sans fin, montrant, tantôt l'un, tantôt l'autre de
ses quatre mots héroïques : Malo mori quam faedari.
[1]
La foule emplissait les bas côtés.
Dans la nef, les hommes d'armes étaient debout, séparés
de leur souverain et des religieux par la balustrade du choeur.
Cette obscurité que nous demandions tout à l'heure
pour les oeuvres de l'art gothique, la basilique
de Saint-Michel l'avait à profusion ce jour-là.
Le noir des tentures, couvrant la demi-transparence des vitraux,
laissait à peine passer quelques rayons, et la lueur des
cierges luttait victorieusement contre ces pâles clartés.
Il régnait sous la voûte une tristesse grave et profonde.
Et aussi, mais nul n'aurait su dire pourquoi, une sorte de mystique
terreur.
L'office commença.
François était juste en face du cercueil
vide qui figurait la bière absente, pour les besoins de
la cérémonie.
On dit qu'il tint les yeux baissés constamment et que son
regard ne se tourna pas une seule fois vers le drap noir où
des lettres d'argent dessinaient le chiffre de son frère.
Les moines récitaient les oraisons d'une voix lente et
cadencée.
La foule et les chevaliers répondaient.
On dit que pas une fois les lèvres décolorées
de François ne s'ouvrirent pour laisser tomber les répons.
On dit encore qu'à plusieurs reprises son corps chancela
sur le noble siège que lui avaient préparé
les moines.
On dit enfin que lors de l'absoute sa main laissa échapper
le goupillon bénit...
Mais ce fut pendant l'absoute que se passa la scène étrange
et mémorable qui sans doute fit oublier les détails
qui l'avaient précédée.
1 :
Allusion au blanc écusson d'hermine : J'aime mieux mourir
que me salir.