Les
moines en seront-ils réduits à lui imposer un autre
service ? Ils veulent attendre encore; l'abbé espère
toujours que l'archange inspirera au sacristain de meilleurs sentiments.
Ce soir là, le 29
septembre de l'an 1045, Drogon s'était retiré
dans sa cellule, qui communiquait avec la sacristie
par un corridor donnant aussi accès à l'église.
Soudain, il crut entendre un léger bruit dans la basilique.
Il prêta l'oreille et entendit aussitôt un bourdonnement
de voix. Certainement, quelqu'un parlait dans le chœur
ou dans les transepts. Il maugréa contre ses aides. C'était,
sans doute, ce petit sot de Nicolas qui, ayant fermé l'église
à la chute du soir, y avait retenu des fidèles attardés
! Ce n'était pas la première fois que le fait se
produisait; la semaine dernière encore, Drogon avait dû
se relever pour faire sortir une femme qui avait été
enfermée par mégarde. L'abbé s'était
montré justement mécontent. Il était imprudent
de laisser quelqu'un dans la basilique. On pouvait très
bien voler les reliquaires ou forcer les troncs, dans lesquels
les pèlerîns déposaient leurs offrandes. Drogon
se précipita vers l'église. Un beau clair de lune,
entrant par les grandes ouvertures romanes, inondait d'une clarté
bleue l'immense vaisseau; et Drogon aperçut, au pied de
la statue de l'archange, trois pèlerins, drapés
d'un long manteau qui priaient dévotement, à voix
très basse. C'était une angélique rumeur
qui montait vers le ciel. Le sacristain, avant d'intervenir et
pour mieux prendre en défaut le jeune Nicolas,