l'industrie
dentellière de Malines était d'origine espagnole;
mais le jeune Belge lui apprit que, bien avant le règne
de Philippe II, les Malines étaient célèbres
en Angleterre et en Allemagne. La dentelle de Malines était
alors connue sous le nom d'Aragne, c'est-à-dire d'araignée,
tellement le travail était fin, délicat, léger
et aérien. On l'appelait aussi broderie de Malines, en
raison des ornementations si complexes de ces travaux entièrement
exécutés à la main. De plus, dans ces dentelles,
les rinceaux étaient entourés d'un cordon faiblement
tordu, que l'ouvrière fixait au moyen de nœuds formés
par les fils du fond. Ce cordon, appelé aussi fil plat,
était destiné à mieux faire ressortir les
fleurs. Il leur donnait un peu l'apparence d'une broderie.
Cette industrie, si elle est bien déchue de son ancienne
splendeur, n'a pas encore complètement déserté
le vieux Malines; pour preuve, nous empruntons cette description
à l'écrivain Camille Lemonnier : « Un jour,
dit-il, j'eus l'occasion d'assister, dans un froid rez-de-chaussée
de la ruelle des Huit Béatitudes, au patient travail d'une
dentellière. L'endroit était triste, une lumière
pauvre glissait par la fenêtre, contre laquelle était
assise l'ouvrière; c'était une femme de quarante
ans, environ, jaune, mince et silencieuse, dont les mains sèches,
bien que raidies par le froid de cette chambre sans feu, au début