Au
fur et à mesure que le bénédictin quittait
ses vêtements sacerdotaux, Michel Moorissens, enfant de
chœur, les serrait avec soin dans les grandes armoires qui
garnissaient la sacristie; c'étaient de superbes meubles,
dont les panneaux avaient été sculptés par
les plus habiles « menuisiers » de l'abbaye, ceux-là
même qui avaient fouillé, si artistiquement, les
stalles du chœur et le buffet de l'orgue.
Le vestiaire sacré n'était pas la partie la moins
intéressante des collections micheliennes. On y comptait,
dans cette fin du quinzième siècle, quatre ornements
complets en velours rouge, violet, noir et vert; un autre en drap
d'or, un autre en drap d'argent; quarante-trois aubes, de beaux
linges sacrés, des soutanes rouges, avec des « aubes
fines» pour les enfants de chœur, un dais de velours
cramoisi brodé en or pour « honorer» le Très
Saint Sacrement. Plusieurs
nappes d'autel étaient remarquables par leurs dentelles;
deux de ces nappes furent particulièrement admirées
du jeune belge; elles étaient l'œuvre des dentellières
de Malines ; un groupe de pèlerins, venus en 1458, de cette
ville, avait offert à l'abbaye ces deux superbes nappes.
Michel Moorissens avait même donné aux religieux
certains renseignements sur la dentelle de Malines. Le trésorier,
cependant très instruit sur l'industrie des arts décoratifs,
avait cru, jusqu'ici, que l'industrie