Une
seconde neuvaine fut commencée et les moines redoublaient
d'ardeur dans leurs prières; rien ne diminuait la confiance
qu'ils avaient dans leur glorieux protecteur.
Le dix-huitième jour, alors que l'office était terminé,
et la double neuvaine achevée, l'abbé retirait,
dans la sacristie, ses habits sacerdotaux. Le
frère portier l'avisa qu'un homme du guet signalait
sur les grèves, à la hauteur de Tornbelaine, la
venue d'une troupe armée. Elle se dirigeait à coup
sûr vers le Mont. L'Abbé se rendit, aussitôt,
sur la petite plate-forme du Nord, d'où l'on dominait toute
la baie et aperçut, en effet, sur les tangues, à
environ un quart de lieue du Mont, une centaine de gens à
cheval ; il distingua même le gonfanon rouge, à trois
langues, du baron de Saint-Jean.
L'idée vint, un instant, à l'abbé d'envoyer
quelques hommes d'armes aux palissades qui protégeaient
la base du Mont, car les grands remparts n'étaient pas
encore construits; mais il comprit bientôt que toute résistance
serait impossible et il confia, mentaletement son monastère
à la garde de Dieu et de Saint Michel.
Des fanfares guerrières éclatent.
Jean pénètre avec sa troupe dans la petite ville;
les habitants, épouvantés,
se réfugient, en grande hâte, dans leurs demeures.