Le
baron, haut sur ses étriers, l'air terrible, fait donner
un formidable coup de massue dans la porte de l'abbaye.
Elle s'ouvre.
L'abbé apparaît à la tête de ses religieux.
Il est aussi calme que s'il se présentait pour recevoir
son évêque ou son roi. On ne demande jamais, dans
cette sainte demeure, à ceux qui frappent à sa porte
ce qu'ils sont, d'où ils viennent, ce qu'ils veulent. La
demeure terrestre de l'archange est ouverte à tous et l'hospitalité
des moines ne connaît pas de bornes.
Roger attend, muet et impassible.
Jean a sauté de son cheval. Il a levé sur Roger
sa main armée:
« Moines, s'écrie-t-il, avec un tremblement de colère
dans la voix, moines, est-il vrai que, chaque jour, vous demandez
vengeance au ciel, contre moi ?» «
C'est vrai l » réplique l'abbé d'une voix
ferme et calme.
- « Moines! hurle le baron courroucé, vous êtes
bien osés, vous qui ne craignez pas d'attirer sur moi la
colère divine ! Pourquoi ces supplications? »
- « Parce que, répond l'abbé, vous avez dépouillé
et volé notre maître Saint Michel ! »
Un cri de colère est sorti de la bouche du terrible seigneur;
il s'élance, l'épée nue, sur l'abbé