n'aurait
eu qu'un mot à dire pour rassembler autour de la bannière
de Saint-Michel ses fidèles vassaux : de Bretagne et de
Normandie; mais il ne voulait pas porter la guerre autour du sanctuaire
de l'archange. Il aimait mieux toucher le cceur de Dieu et triompher
de son ennemi par la prière que de le vaincre par le glaive.
Dans ce dessein, Roger réunit ses religieux; il leur exposa
les ravages que Thomas de Saint-Jean exerçait sur les terres
de l'abbaye; et, après une courte délibération,
les bénédictins décidèrent ce qui
fut immédiatement transcrit sur le registre des Actes que,
sans omettre un seul jour, il serait célébré
devant l'autel Saint-Michel, pendant que l'on chanterait Messe,
une clameur très pieuse en présence du Très-Saint
Sacrement, chantant avec larmes « Miserere mei »
et clamant « Kyrie eleison ».
Depuis une semaine, la clameur très pieuse
s'élevait vers l'archange, et la fureur de Jean, loin de
s'arrêter, augmentait encore. Les incendies se multipliaient;
une chapelle, auprès de Vains, avait même été
profanée. Le baron, averti par les espions qu'il entretenait
dans la petite ville du Mont, avait haussé les épaules
en apprenant la nature et l'objet des prières des bénédictins:
« Qu'ils prient, ces bons moines, tant qu'il leur plaira;
ce n'est pas leur saint Michel qui éteindra ma torche ou
qui émoussera la pointe de mon épée !