d'Avranches,
l'eut coupé par son diamètre, il parut s'élancer,
comme d'un bond, et ce fut, sur la baie, un éblouissement
incomparable. Le Mont Saint-Michel paraissait tout embrasé
; la rosée de la nuit, qui s'était déposée
sur les toits d'ardoises, sur les tuiles
rouges et vertes, le long des encorbellements, dans les dentelles
des galeries, sur les contre-forts et les arcs-boutants, sur les
chapeaux des échauguettes et sur les courtines des remparts,
fit scintiller tous les bâtiments, comme s'ils eussent été
saupoudrés de diamants minuscules. Dès les premiers
feux du jour, les vitraux s'enflammèrent aux fenêtres
lancéolées du dortoir, aux rosaces de la Salle des
Chevaliers, aux opercules gothiques ou romans qui s'ouvraient
comme des yeux de feu dans les murailles hautaines..
« Que c'est beau! » s'écria Michel.
Le prieur, qui cherchait toujours l'occasion d'intéresser,
d'instruire et d'édifier le jeune garçon, répliqua
:
« Oui, mon enfant, d'est un spectacle vraiment superbe que
nous donne en ce moment la Nature et il faut remercier Dieu qui
le ménage et qui nous l'offre. Il y a plusieurs siècles,
cet embrasement eut même un caractère merveilleux,
miraculeux, devrais-je dire et dont les manuscrits de notre riche
bibliothèque ont conservé le souvenir.