bannières
dominent la foule; des prêtres entourent un vieillard qui
s'appuie sur une crosse de bois.
« C'est Messire Aubert, évêque d'Avranches,
qui se rend au Mont Tumbe, pour
obéir aux commandements de saint Michel.
« Derrière lui marchent, en habits de travail, des
hommes robustes portant sur leurs épaules des pelles et
des pioches; d'autres tiennent à la main des leviers de
fer; d'autres des cordes et des liens de chanvre.
« Et Bain entend une voix inconnue, sortant d'une invisible
bouche, qui lui dit:
- « Toi aussi, cours au Mont Tumbe avec tes fils! »
« Le paysan croit rêver; il veut reprendre son travail,
un instant interrompu; mais le cheval, d'ordinaire si doux, si
docile, refuse d'avancer.
- « Toi aussi, cours au Mont, avec tes fils, » reprend
la voix d'un ton plus impérieux.
«- Bain s'est signé, dévotement; il comprend
qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire; il dételle
précipitamment son cheval, rentre à la maison et
y trouve sa femme et ses douze fils.
« Le plus jeune repose dans un berceau : l'enfantelet
a deux ans à peine !
- « Femme, dit Bain à sa compagne je pars au Mont Tumbe
avec mes fils; tu garderas la maison