«
toi aussi, cours au Mont Tumbe avec tes fils !», reprend
la voix d'un ton plus impérieux.
Bain s'est signé dévotement; il comprend qu'il se
passe quelque chose d'extraordinaire ; il détèle
précipitamment son cheval, rentre à la maison et
y trouve sa femme et ses douze fils.
Le plus jeune repose dans son berceau; l'enfantelet
a deux ans à peine.
« Femme, dit Bain à sa compagne, je pars au Mont
Tumbe avec mes fils; tu garderas la maison avec le petit; vous,
enfants, prenez vos outils, vos pelles et vos pioches et suivez-moi
! »
La femme et les enfants se regardèrent : Bain perdait-il
l'esprit ? Que signifiait cet ordre incompréhensible ?
Mais bientôt, respectueux et soumis, sans que le père
ait eu à renouveler son commandement, ses enfants avaient
pris leurs outils et suivaient leur père.
Il s arrivent au pied du Mont. L'évêque a déjà
gravi le rocher; les femmes et les enfants sont restés
au pied de la montagne. Ils prient, tandis que les hommes travaillent.
Bain, en tête de ses fils, gravit l'étroit sentier
qui s'accroche au flanc du roc. Au sommet, il y trouve l'évêque
entouré de prêtres. Les travailleurs reprennent haleine.
Autour de la pierre élevée, pareille à un
symbole païen, la terre a été fouillée;
des barres de fer, formant leviers, sont fichées dans le
sol; une grosse corde enserre le bloc à sa partie supérieure.