Par
trois fois, les travailleurs ont pesé sur les leviers;
par trois fois, en même temps, ils ont tiré avec
vigueur sur la corde puissante. En vain le bloc n'a pas bougé
d'une ligne. La masse est demeurée inébranlable.
Le pieux évêque, apercevant Bain
et ses fils, s'écrie : « Béni soit Dieu !
C'est lui qui vous envoie à notre aide !
Aussitôt l'ouvrage est repris et l'évêque lui-même
pèse sur un levier.
La pierre reste immobile.
Les efforts continuent; les travailleurs s'énervent ...
de grosses gouttes de sueur perlent sur les fronts, les jambes
s'arquent et les bras se roidissent; les muscles se gonflent sur
les torses vigoureux.
La pierre reste immobile !
Aubert implore le ciel dans une prière muette. Puis, l'air
inspiré, se tournant vers Bain, il lui dit: « As-tu
amené tous tes fils ?»
Oui, Messire, répond le paysan,
sauf le petit qui dormait dans son berceau !
Va le quérir ! ordonne l'évêque.
Bain descend précipitamment de la montagne. Il ne comprend
pas l'ordre d'Aubert ! Quel secours un enfant si frêle pourrait-il
apporter à l'œuvre de force qu'il faut accomplir ?
Bain arrive chez lui.
D'un mot, il fait connaître à sa femme ce qui se
passe au Mont Tumbe et il emporte l'enfant tout endormi.