En
chemin s'est éveillé l'enfant ! Mais, contrairement
à son habitude, il n'a pas crié !
Bain passe l'enfant à Aubert et le petit tend, en souriant,
ses bras au bon évêque, tel jadis le divin enfant
au vieillard Siméon.
Et voilà que l'évêque fait toucher à
l'enfant, de son frêle pied gauche, le plus faible de ses
faibles pieds, la roche inébranlable et colossale.
Et, tout aussitôt, la roche a roulé; elle a roulé
jusqu'au pied de la montagne, laissant libre, au sommet, un espace
suffisant pour la construction de la chapelle que désire
avoir l'archange saint Michel.
Alors, tous s'étant signés, chantèrent un
cantique d'action de grâces et la foule, restée au
bas du rocher,
apprenant le prodige qui venait de s'accomplir, monta jusqu'au
faîte; et le vénérable Aubert leur prouva,
par de douces et saintes paroles, que Dieu, (ainsi qu'en témoignait
ce miracle), élève les infirmes et les faibles de
ce monde pour confondre les forts et les puissants (1).
(1) L'épiscopat de saint Aubert, ainsi que l'a démontré
Mgr Duchesne, doit être placé au VII siècle,
avant 681 ou 683 (Fastes Episcopaux de l'Ancienne Gaule Tome Il,
p.212) E. D.