Tombelaine
et le Mont Tumbe appelé maintenant le Mont Saint-Michel.
Les divinités païennes avaient déserté
ces trois autels; le paganisme des Romains,
après avoir lutté contre le druidisme des Celtes,
avait disparu à son tour et la Croix s'était implantée
dans ces solitudes, longtemps souillées, peut-être,
par le sang des victimes humaines immolées aux dieux cruels.
Dans les clairières de Mandane, de Taurac et de Taumen,
de pieux anachorètes cherchaient alors à percer
le secret du ciel, par l'élan de leurs mystiques contemplations.
Déjà, les voies romaines, que César
et ses lieutenants avaient tracées dans la forêt,
n'existaient plus et la grande route stratégique qui réunissait
Abdola (Dol) à Legedia ,Avranches), n'était qu'un
sentier étroit, envahi par les ronces et par les herbes.
Cependant, du bourg d'Astériac,
on suivait du regard deux grandes trouées, sur le dôme
de la forêt; au fond de l'une, le Gubiolus, dénoyant
le pays des Diablintes, courait vers le nord, se jetant à
l'ouest de Chausey tandis qu'à l'orient, un large fleuve,
formé par la réunion de la Sée, de la Sêlune
et du Couësnon, se perdait dans la mer, après avoir
traversé le pays des Abrincates.
Dans cette forêt, orée superbe de la gigantesque
Brocéliande, vivaient, sur le Mont
Tumbe, deux ermites dont l'histoire
n'a pas conservé les noms; ils nourrissaient leurs âmes
avec la prière; mais, si ascétique que fût
leur vie, si grandes que fussent leurs