privations
et rigoureux leurs jeûnes, il faIIait bien qu'ils prissent
soin de leur corps.
C'est pourquoi le prêtre, chargé de la paroisse
d'Astériac, s'occupait des deux ermites; quand leurs provisions
étaient épuisées, ceux-ci allumaient un feu
de bois vert au sommet du Mont Tumbe; la fumée montait
dans le ciel et c'était pour le prêtre d'Astériac
un signal convenu; aussitôt, il chargeait un âne,
portant un double panier d'osier, et le bon animal se mettait
en route, tout seul, vers le Mont et revenait de même à
Astériac, quand les solitaires avaient pris les légumes,
les fruits, le pain et le sel qui leur étaient destinés.
C'était vraiment chose admirable que l'âne ne fit
point de mauvaises rencontres dans cette forêt sinistre,
pleine de bêtes sauvages et affamées.
Mais, un jour, l'âne fut dévoré par un loup,
alors qu'il s'était attardé à brouter un
peu d'herbe sur les bords d'une clairière.
O miracle ! ... A peine le loup
eut-il mangé l'âne que le bât se posa, de lui-même,
sur le dos de la bête méchante et le loup fut, aussitôt,
entraîné par une invisible main jusqu'à l'ermitage
du Mont Tumbe,
Les anachorètes qui attendaient l'âne, comme d'habitude,
furent un peu effrayés par l'arrivée du loup ; mais,
bientôt, ils furent rassurés; le loup était
doux: comme un agneau ... il se laissa
dépouiller des provisions qu'il portait, sans gronder et
sans montrer les dents.
Les ermites pensèrent bien qu'un événement