sa
masse effrayante et rapide, dévorant tout sur son passage
et engloutissant, en un clin d'œil, les malheureux égarés.
Aussi, pour porter autant que possible remède à
cet affreux danger, sonnait-on, au Mont, par les temps de brume,
une cloche dont le son dirigeait un peu les malheureux égarés,
Or, ce soir-là, veille de la solennité de la fête
archangélique, le ciel était d'une pureté
remarquable; aucune brume ne voilait l'horizon; les grèves,
cependant étaient désertes; on voyait, par endroits,
quelques petits points noirs qui se rapprochaient peu à
peu de la côte; c'étaient des pêcheurs qui
regagnaient la rive. La mer allait venir; on était en marée
et, dans moins d'une demi-heure, toute cette immense étendue
de sables gris allait être couverte par les flots.
La maladrerie du Gué-de-l'Epine était construite
tout auprès du rivage et une jolie terrasse, bordée
de peupliers et de tamaris, dominait la petite pointe que projette,
vers le Mont, la paroisse du Val-Saint
Père.
Sur cette terrasse, un religieux hospitalier contemplait le spectacle
qu'il avait devant lui; la mer arrivait avec fracas, remontant
le cours de la Sélune, nivelant tout sur son passage; une
bande d'oiseaux, mauves, pétrels let courlis semblait jouer
à la course avec le flot montant:
la barre se projetait,