En
effet, M. Martin fait un pas de plus et froisse, de la cuisse,
les deux lanternes de son domestique; alors, seulement, il aperçoit
leurs clartés douteuses, mais non les mains qui les tiennent.
Quelques coups de fusil éveillèrent l'attention
des autres chasseurs et les dirigèrent; ils étaient
à un millier de pas du Mont-Saint-Michel.
Ce brouillard, on le pense bien, constitue un grand péril
pour ceux qu'il surprend dans les grèves. Le pêcheur,
né dans ce pays et plus expérimenté que le
pèlerin ou le visiteur, venus, eux, de contrées
lointaines, échappe quelquefois aux dangers de la brume;
il a, pour se guider, le cours des ruisseaux familiers dont il
observe, chaque jour, la direction, soit en allant pêcher
des coques, soit en se rendant à ses filets tendus pour
prendre le saumon. Il s'oriente un peu, en regardant attentivement
les petites côtes laissées par le reflux sur le sable
et qui rident légèrement les tangues molles de la
baie: mais le pèlerin timide et le touriste imprudent,
qui ne connaissent pas les grèves et qui sont incapables
de faire des observations expérimentales, tournent sur
eux-mêmes; ils reviennent, après de longues courses,
au point de départ et se précipitent, sans le savoir,
au devant de la mer.
Tout à coup, ils entendent un bruit ; c'est le salut, sans
doute, c'est la terre; non, c'est la mer, projetant