furent
surpris, en pleines grèves, par un brouillard qui voila,
en un clin d'œil, le ciel le plus pur et le plus brillant
soleil, vers la fin d'une journée de chaleur. Plus habitué
aux phénomènes de cette nature que ne l'étaient
ses compagnons et ayant, d'ailleurs, un cheval, dont l'écurie
était au Mont-Saint Michel, - il comptait avec raison sur
l'instinct de la bête, - M. Martin leur ordonna de rester
en arrière à la place où ils se trouvaient
et il prit, seul, la direction qu'il croyait la meilleure. Il
allait, au pas de son cheval depuis un quart d'heure, c'est-à-dire
depuis plus de temps qu'il ne lui eût fallu pour arriver
en ligne droite, lorsqu'il crut entendre sur sa gauche, le son
éloigné du tambour. Penché sur le coude son
cheval arrêté, il écoute, entend plus distinctement
le même son à gauche, tourne bride dans cette direction
et arrive sur un petit ruisseau, à quelques pas de la porte
du Mont. Cependant, ne distinguant encore ni rochers, ni édifices
et n'entendant plus personne, il appelle à haute voix son
domestique : " Me voilà, Monsieur, » répond
celui-ci.
- "Comment! malheureux, vous savez que je dois rentrer. à
cette heure; vous voyez le brouillard et vous venez sans lanterne
!"
- "Monsieur se trompe; j'en ai une dans chaque main."