et
flamands, les jeunes Liegeois et Malinois du quinzième
siècle avaient mis, eux, des jours et des jours, de longs
mois à franchir des pays où il n'était pas
toujours sûr de s'aventurer, des contrées où
les routes étaient rares, où la misère était
grande, où des brigands étaient embusqués
au coin des bois et où sévissaient de terribles
maladies! Une seule chose n'avait point changé leur amour
pour saint Michel.
Mais je me pris à penser aussi aux milliers de petits enfants
qui, moins heureux que leurs camarades, ne connaîtraient
jamais le Mont-Saint-Michel, dont-ils avaient certainement entendu
parler, qu'ils avaient vu, peut-être, sur de modestes journaux
illustrés et dans des collections de cartes
postales. Leur amour pour le grand archange était,
cependant, le même que celui qui brûlait dans le cœur
de mes jeunes amis des remparts et de l'église paroissiale;
mais ces enfants appartenaient à des familles riches ou
aisées : c'étaient des privilégiés
de la fortune.
L'idée me vint alors d'écrire ce livre.
J'y raconte l'histoire d'un enfant originaire de Malines, venu
au Mont, la dernière année du quinzième siècle.
Après un accident survenu au terme de son voyage et qui
faillit lui coûter la vie, il fut accueilli paternellement
par les religieux et passa presque trois semaines en leur docte
et pieuse compagnie.