Le
croyant, "le dévot à saint Michel" et
même le simple artiste, rapportent de leur visite à
l'abbaye désaffectée, une impression de malaise
et de tristesse. L'âme est partie de ce gigantesque corps
où a bouillonné, pendant douze siècles, la
vie religieuse et la vie militaire. Dans l'église surtout,
il vous tombe sur les épaules un manteau de glace,
L'autel
sans serviteur, comme un cœur sans amour,
Ayant éteint ses flammes.
Aussi,
les pèlerins accourent-ils avec joie vers cette humble
église paroissiale pour y déposer, avec confiance,
leurs vœux ardents au pied de la statue de l'archange, chassé
de sa demeure altière et superbe.
Ce fut à Saint-Pierre, que je revis le petit groupe des
pèlerins belges, rencontré sur les remparts, quelques
instants auparavant.
Il y avait là, quatre ou cinq enfants, garçonnets
de dix à douze ans, blonds, aux yeux clairs, à l'aspect
sain et robuste. Ils priaient avec une telle ferveur que j'en
fus tout ému et, immédiatement, ma pensée
se reporta vers leurs petits compatriotes qui, quatre cent cinquante
ans auparavant, étaient venus, eux aussi, implorer saint
Michel "au péril de la mer". Les temps étaient
bien changés. Les jeunes belges d'aujourd'hui s'étaient
rendus au Mont, confortablement, en quelques heures; les petits
brabançons