se
précipitent les matières les plus ténues,
composées d'une argile impalpable, riche en principes fertilisants,
connue sous le nom de Tangue.
Si le niveau de la plage ainsi formée ne se trouve que
très peu au-dessous des hautes mers ordinaires de vives
eaux, il y pousse spontanément une plante grossière
appelée criste marine. Quand l'atterrissement atteint et
dépasse légèrement ce niveau, les pluies
le dessalent peu à peu, et la criste
marine est remplacée par l'herbu, sorte de gazon court,
fin et serré, propre au pâturage et recherché
surtout par les moutons.
Comme on le voit, la nature elle-même travaille, avec
une lenteur extrême, il est vrai, - à reprendre sur
la mer les terrains qu'elle lui a jadis abandonnés. Ce
phénomène a été longtemps retardé
par les cours d'eau qui viennent déboucher dans la baie
: leurs lits, se déplaçant incessamment sur ce sol
plat et sans consistance, détruisaient sur leur passage
les herbus, au fur et à mesure que ceux-ci se formaient.
Les habitants du pays se sont appliqués, depuis très
longtemps, à mettre les herbus à l'abri des marées
et des divagations des cours d'eau par des digues de tangue revêtues
de gazon, et les. terrains ainsi conquis sur la mer sont parfois
devenus des polders fertiles et d'un grand revenu. Mais ces rudimentaires
travaux de défense n'avaient pas toujours une efficacité
suffisante. Les cours d'eau, et surtout le Couësnon, démolissaient
les digues et ravageaient les terrains déjà enclos
et cultivés. C'est ce qui explique que depuis la catastrophe
de l'année 709 jusqu'en 1856, - en onze siècles
et demi - les riverains ne soient parvenus à reprendre
sur la mer que la zone marquée en blanc sur notre carte
(pages 12 et 13).
Le 21 juillet 1856, c'est-à-dire avant que l'abbaye du
Mont Saint-Michel eût fait retour au domaine( 1863), et
près de vingt ans avant qu'elle eût été
affectée au service
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