rêve,
si haut qu'il put monter ; il arriva, enfin, au dessus du poste
sémaphorique, d'où les guetteurs, au moyen de leviers,
mettaient en mouvement les signaux. A ce moment (15-26 juin 1836)
Paris était très agité et ... le télégraphe
Chappe également.
Un jeune homme, Alibaud, venait de tirer sur Louis-Philippe et
le gouvernement, très inquiet de la situation, envoyait
aux préfets dépêche sur dépêche.
Le télégraphe ne cessait de dresser, d'allonger,
de raccourcir, de tordre ses bras vers le ciel, qui demeurait
sourd et impassible.
Et Victor Hugo dont la pensée s'envolait
De l'infini des mers à l'infini des cieux,
fut rappelé, soudain, à la réalité
de la vie terrestre par le grincement des poulies et des articulations
des indicateurs: « Je suis monté, écrit-il,
sur ce télégraphe qui s'agitait fort, en ce moment.
Le bruit courait dans l'ile que l'appareil annonçait au
loin des choses sinistres. On ne savait quoi ; je l'ai su à
Avranches. C'était le nouveau meurtre essayé contre
le roi. Arrivé sur la plate-forme, l'homme d'en bas qui
tirait la ficelle, me cria de ne pas me laisser toucher par les
antennes de la machine ; que le moindre contact me précipiterait
dans la mer. » Hugo n'eut que le temps de jeter son chapeau
et de se cramponner à l'échelle; il était
sauvé; un des indicateurs l'avait seulement frôlé;
mais du moins, l'horrible machine ne l'avait pas saisi de l'un