de
ses maigres bras. II n'eut pas été précipité
dans les flots, comme le lui disait le télégraphiste,
mais "Son corps se fut écrasé sur le toit de
l'église abbatiale, du côté
de l'abside et les membres épars du poète, plus
tragiques que ceux dont parle Horace au figuré, eussent
souillé de leurs débris pantelants la cour
de la Merveille, où fleurissaient alors, dans un petit
jardin (l'horlulus des anciennes chroniques), des roses trémières,
des giroflées et des ravenelles.
« Mais, continue Ie poète, j'oubliai la contorsion
du télégraphe au-dessus de ma tête pour ne
regarder que cet admirable horizon, où la mer se soude
à la verdure et la verdure aux grèves. »
Hugo pensa-t-il à rechercher son chapeau ou fit-il comme
les jolies filles, qui se lamentent à moitié, quand
elles ont lancé leur bonnet par dessus les moulins ? Un
habitant du Mont Saint-Michel possède-il, dans son armoire,
le couvre-chef du grand poète ? Il paraît que les
reliques abondent dans les logis. de la petite ville montoise;
mais elles sont bien cachées. Un historien y a cherché
inutilement, il y a une quinzaine d'années, la tête
du farouche conventionel Le Carpentier, qui fut mise après
sa mort, ajoute gravement un de ses biographes, dans un bocal
rempli d'esprit de vin.
Collectionneur modeste de reliques rnicheliennes, Je ne commettrais
pas, certes, de folies pour posséder ce souvenir macabre;
mais je serais heureux de voir sortir de l'armoire d'un brave
montois le chapeau qui coiffait notre grand, poète, quand
il