soixante
ans auparavant, à sa femme Tiphaine
Raguenel, la douce fée, connue par sa science astronomique
et mieux encore par ses pieuses libéralités.
Dame Jeanne Paynel accueillit très gracieusement le prêtre
:
« Monsieur le chapelain, lui dit-elle, d'une voix très
douce, plaignez-moi; je vis, ici, comme une recluse, puisque ces
méchants Anglais nous entourent partout; mais j'ai appris,
ce matin, par un des hommes de police du gouverneur, qu'un petit
groupe de pèlerins était arrivé du Cotentin
à l'aide de sauf-conduits. Vous êtes, n'est-il pas
vrai, un de ces pèlerins-là, aussi ai-je un grand
service à vous demander ? »
« Il vous est rendu, Madame, s'il est en mon pouvoir de
le faire », répondit Jean Douville.
« La chose est bien simple, Monsieur le chapelain, continua
l'aimable Femme. Je vous demande tout bonnement de vous charger
d'une cédule ou papier que vous ferez parvenir au sieur
Jean Landry de Bricquebec. »
« Mais, Madame, hasarda le prêtre, vous n'ignorez'
pas que le sauf-conduit ne m'a été délivré
que sur la promesse de ne fournir aucun renseignement aux. gens
du prétendu roi de France, comme ces vilains Anglais nomment
insolemment notre gentil Sire et gracieux. Monarque. Si un papier
quelconque était trouvé sur moi, j'aurais violé
mon serment et je mériterais la potence ! »
« C'est à vous, Monsieur le chapelain, de ne