pas
vous faire prendre ni pendre, » répondit vivement
dame Jeanne Paynel, dont la voix était devenue sévère.
« J'entends, continua-t-elle, que vous vous chargiez, coûte
que coûte, de ma commission. Au surplus, sachez que ma cédule
ne contient aucun secret d'Etat; il ne s'agit point d'opérations
militaires; je demande simplement à mon homme d'affaires,
Landry de Bricquebec, de m'envoyer vingt-six saluts d'or pour
m'acheter une robe ! »
« Mais, Madame, objecta timidement le pauvre prêtre,
la promesse est forrnelle ; je ne dois me charger d'aucun papier;
un message ayant trait à la défense du Mont, à
la cause du roi de France, serait, après tout, honorable;
je risquerai ma vie pour mon pays, mais pour une robe !... »
Le chapelain n'acheva pas : la femme du gouverneur se leva brusquement;
son regard devint dur, sa voix méchante :
« Empoignez-moi cet homme, commanda-t-elle au sergent et
enfermez-le dans un des cachots-de la citadelle.
Il y restera jusqu'à ce qu'il consente à recevoir
ma cédule. »
Déjà, la lourde main du sergent s'appesantissait
sur l'épaule du pauvre prêtre; l'horreur des cachots
du Mont Saint-Michel lui était connue; une sueur froide
inonda son front : « De grâce, Madame, ma bonne dame,
s'écria-t-il, pitié, non pas pour moi, mais pour
ma pauvre petite Guillemette. »
« Pas de grâce, Monsieur le chapelain, rêpliqua