côté
de la nouvelle enceinte, élevée à la hâte
par le frère Bruno.
Il y avait dans le petit fort quatre ou cinq arbalétriers,
dirigés par Julien Le Priol. Le vieux Simon combattait
dans cette escouade.
Reine, Fanchon et Simonnette étaient seules dispensées
de mettre la main à l'oeuvre.
Encore, Simonnette se trouvait-elle plus souvent aux murailles
que dans la cabane, parce qu'elle voulait voir travailler le petit
Jeannin.
Le petit Jeannin était à côté du frère
Bruno, juste en face de l'ennemi. Il avait à la main sa
lance à pointe de corne et ne baissait point les yeux,
je vous assure.
Méloir, bien certain de ne pouvoir surprendre désormais
la place, s'approchait à découvert. Ses archers
et arquebusiers commencèrent à travailler quand
ils furent à cinquante pas des murailles.
-Courbez vos têtes ! dit frère Bruno ; les balles
et les carreaux ne font pas de mal aux pierres.
Mais il ne fut bientôt plus temps de plaisanter. Méloir
et ses hommes d'armes s'élancèrent furieusement
aux murailles.
C'étaient de bons soldats, durs aux coups et jouant leur
vie de grand coeur. Il y eut un instant de terrible mêlée.
Sans Aubry de Kergariou et Bruno, qui se battaient comme de vrais
diables, la place eût été emportée
du premier assaut.- Au dire de Simonnette, qui raconta souvent,
depuis, ce combat mémorable, Jeannin contribua beaucoup
aussi au salut de la citadelle.
Mais, ô Muse ! comment dire les exploits surprenants des
quatre Mathurin, qui se couvrirent, cette nuit, d'une gloire immortelle
!
Gothon Lecerf, l'aînée des Gothon, la plus rousse
et celle qui avait aux mains le plus de verrues, déshonora
son sexe et le lieu qui l'avait vu naître, dès le
commencement de l'action.
Elle déserta son poste, prise qu'elle fût de frayeur,
en voyant aux rayons de la lune la figure jaunâtre de maître
Vincent Gueffès, qui essayait de s'introduire dans la citadelle
par les derrières.
Il n'y avait personne de ce côté. Gueffès,
au contraire, était accompagné de quatre ou cinq
soudards qu'il avait embauchés pour cette entreprise.
Gothon Lecerf, pâle et toute tremblante, vint se réfugier
dans l'asile où étaient réunies Reine de
Maurever, Fanchon, la ménagère et Simonnette.
Simonnette et Fanchon se portèrent vaillamment à
la rencontre de l'ennemi.