recommandation
vous ouvrira, toutes grandes, les portes du presbytère.
Acceptez aussi ce souvenir de moi. C'est une écritoire
en plomb, du siècle précédent. Elle est finement
travaillée; voyez comme elle est joliment arrondie par
devant; ses flancs sont percés de deux trous ronds contenant
une fleur de lis découpée; le devant est chargé
d'un sceptre et d'une main de justice, posés en sautoir.
Elle m'avait été donnée par le père
de mon prédécesseur; elle aurait appartenu à
Tiphaine Raguenel, femme de Bertrand
Duguesclin, connétable de France. Vous savez, n'est-ce
pas, que cette dame, très savante, habita au Mont, pendant
cinq ans, de 1365 à 1370, alors que son vaillant mari était
à guerroyer en Espagne. Son logis, bâti exprès
pour elle par Duguesclin qui venait de l'épouser à
Dinan, est voisin du presbytère et son jardin n'en est
séparé que par une haie d'épines. Tiphaine
était très liée avec l'abbé Geoffroy
de Servon; elle le désigna même pour l'assister
à ses derniers moment, et ce fut cet abbé qui officia,
pontificalement, aux obsèques de la pauvre Tiphaine, morte
prématurément à Dinan. Je vous prédisais,
tout à l'heure, mon cher enfant, que vous reviendriez ici.
Est-ce Tiphaine, dont l'ombre plane sur cette maison, qui m'en
donne l'avis prophétique? Tiphaine était très
versée dans un art chimérique appelé l'Astrologie;
c'est une science à laquelle un