-Déliez
les mains de cet homme, dit-il ; si le village qu'il a incendié
hier était de Normandie au lieu d'être de Bretagne,
je fais serment qu'il ne sortirait pas vivant du monastère
de Saint-Michel !
-Un village incendié ! balbutia Méloir.
-Va-t'en ! lui dit encore le procureur ; ton duc a le pied droit
dans la tombe. Je prie Dieu qu'il lui inspire des sentiments de
pénitence.
-Il faut, en effet, que monseigneur François de Bretagne
soit aux trois quarts mort et un peu plus, pour que ce moine parle
de lui en ces termes, pensa Méloir ; j'ai gâté
ma partie, le diable soit de moi !
En arrivant dans la cour, il trouva ses hommes d'armes qui l'attendaient.
Comme il allait passer la porte, son regard tomba sur deux ou
trois douzaines de pauvres hères qui recevaient des aumônes
de vivres sous la tour.
Parmi eux, il reconnut maître Gueffès, lequel faisait
bois de toutes flèches et empochait bravement le pain de
Dieu.
-Viens avec moi, lui dit Méloir. Vincent Gueffès
s'inclina et obéit. Méloir lui fit donner un cheval.
On prit au galop la route du manoir de Saint-Jean. Pendant la
route, Gueffès dit bien des fois à Méloir
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