pas
là... où est-il ?
Le malheureux Méloir n'avait garde de répondre.
Il se mit au-devant du nouveau venu qui était frère
Eustache, et qui pensa :
-Bruno a lié les mains du prisonnier avec une corde et
lui a mis un bâillon sur la bouche... c'est peut-être
parce qu'il est enragé.
Méloir poussait des sons inarticulés sous son bâillon.
-Bien sûr qu'il est enragé ! reprit Eustache ; je
voudrais bien savoir ce qu'il a fait du pauvre Bruno !
Eustache était partagé entre l'envie de faire retraite
et le désir de savoir.
La curiosité finit par l'emporter.
Il s'approcha de Méloir et lui dit :
-Ne me mordez pas, l'homme, ou je vous assomme avec mon trousseau
de clefs.
Cette précaution oratoire une fois prise, il détacha
le bâillon du chevalier.
-Votre Bruno, s'écria aussitôt Méloir, qui
écumait de rage, votre Bruno est un coquin ; vous aussi
et tous ceux qui habitent ce monastère maudit.
Jour de Dieu ! nous verrons si monseigneur François de
Bretagne ne tirera point vengeance de cette indignité !
-Messire, dit Eustache étonné, n'est-ce point monseigneur
François de Bretagne qui vous fait détenir en cette
prison ?
Méloir le poussa violemment au lieu de répondre,
monta les escaliers quatre à quatre, et força l'entrée
du réfectoire où le procureur de l'abbé dînait
au milieu de ses moines.
Méloir montra ses mains liées, et demanda raison
au nom du duc de Bretagne. Guillaume Robert le regarda en face.
-Je vous ai déjà vu dans le choeur de la basilique,
messire, dit-il froidement, le jour où le fratricide fut
confondu devant Dieu et devant les hommes.
-Le fratricide ! répéta Méloir qui recula
stupéfait ; est-ce de monseigneur François que vous
parlez ainsi ? Guillaume Robert ne répondit point.