Legris
et moi. Je dis à Michel Legris : Michel, mon fils, as-tu
ouï conter l'aventure du gruyer-juré de Lamballe qui...
Il fut interrompu par un éclat de rire que poussa en choeur
toute l'assistance. Pourquoi riait-on ? Frère Bruno ne
le devina point.
-Si vous aviez attendu un petit peu, dit-il, c'est mon histoire
qui vous aurait fait rire !
Le chevalier Méloir, enfermé dans la prison d'Aubry,
supporta d'abord assez gaiement son infortune. Il était
philosophe. Le pis-aller, c'était quelques heures passées
dans ce fâcheux état.
Mais les heures se succédaient et la philosophie du chevalier
Méloir s'usait. Il était environ dix heures du matin
quand Aubry lui avait emprunté de force son costume. Midi
sonna au beffroi du monastère. Puis une heure, puis deux
heures, puis trois.
Sarpebleu ! le chevalier Méloir perdait patience.
S'il n'avait pas eu ce diable de bâillon, il aurait appelé
; mais son bâillon était très bien attaché.
Ses jambes seules étaient libres. Il s'en servit d'abord
pour arpenter son cachot étroit à grands pas, puis
pour lancer des coups furieux dans le chêne de la porte.
Mais c'est bien le moins que les prisonniers aient le droit de
passer leur mauvaise humeur sur les portes ou les murs de leurs
cabanons.
Des coups de pieds du chevalier Méloir personne ne s'inquiétait.
Vers quatre heures de l'après-midi, une clef tourna pourtant
dans la serrure.
-Eh bien ! Bruno ! dit une voix sur le seuil, est-ce toi qui fais
tout ce tapage ? Pourquoi tes clefs sont-elles au dehors ?...
Mais Bruno n'est pas