-Comme
je suis sûr de voir devant moi un vaillant chevalier, répondit
maître Vincent Gueffès. Quant à Robert Roussel,
on le rôtira sur un feu de bois vert dans la cour du château
de la Hardouinays.
Méloir était tout pensif.
-Vous n'avez rien à voir à tout cela, monseigneur,
reprit négligemment Gueffès. Aussi, je ne vous dis
même pas ce qu'on fera du Milanais Bastardi, de messire
Olivier de Meel et des autres.
Seulement, il faut vous hâter, si vous voulez conquérir
Reine de Maurever, car, dans une autre semaine, souvenez-vous
de ceci, monsieur Hue ne sera plus fugitif. Le vent aura tourné.
Monsieur Hue trouvera protection auprès des Normands et
jusque dans l'enceinte
du Mont-Saint-Michel.
Une troisième fanfare éclata au pied du tertre même.
Méloir ne bougea pas. La mâchoire de Gueffès
souriait malgré lui.
-Voilà vos chiens, mon cher seigneur, dit-il ; je vous
laisse.
Quand vous aurez besoin de moi, vous me trouverez à la
ferme de Simon Le Priol.
Il fit mine de sortir.
Mais il revint.
-Voyons, dit-il encore de sa voix la plus caressante : Si par
mon industrie, sans que mon cher seigneur s'en mêlât,
le petit Jeannin était pendu...
-Va-t'en au diable, misérable coquin ! s'écria Méloir
d'une voix tonnante.
Gueffès se hâta d'obéir. Cependant sur le
seuil, il s'arrêta pour ajouter :
-Pendu, assommé, étouffé ou noyé,
j'entends... Méloir saisit une cruche à cidre. La
cruche alla s'écraser contre la porte où maître
Gueffès n'était plus.
Mais Méloir entendit sa voix de damné qui disait
dans la cour :
-C'est convenu, mon cher seigneur, vous ne vous en mêlerez
pas !
Bellissan, le veneur, entrait à ce moment dans la cour
avec trois valets de chiens menant douze lévriers de la
grande origine.
Merveilleuses bêtes de tous
poils, sortant du chenil de l'aîné de Rieux,