sieur
d'Acérac et de Sourdéac, dans le pays de Vannes
et seigneur des îles.
Ces lévriers étaient dressés à la
chasse d'Ouessant, à la chasse des naufragés dans
les Grèves.
Car le sang de Rieux était un bon et noble sang. Là-bas,
au bout du vieux monde, derrière les rochers de Penmar'ch,
Rieux chassait au naufragé, comme, de nos jours, les religieux
du mont Saint-Bernard chassent au voyageur égaré
dans les neiges.
Hauts sur leurs jambes, musculeux, frileux, le museau allongé,
les côtes à l'air, les douze lévriers, malgré
la fatigue de la route, bondissaient dans la cour, jetant ça
et là leur aboiement rare et plaintif.
Bellissan, la trompe au dos, les découplait et les caressait.
Le chevalier Méloir descendit.
Les lévriers sautèrent follement, puis vinrent,
à la voix de Bellissan qui les appelait par leurs noms.
-Rougeot, Tarot, Noirot ! messire, dit-il en les présentant
à tour de rôle et chacun par son nom ; Nantois, Grégeois,
Pivois, Ardois !
Ravageux et Merlin ! Léopard et Linot ! Quant à
ce dernier, ajouta-t-il en montrant une admirable bête de
poil noir sans tache, il ne vient pas de Rieux ; je l'ai acheté
à Dol pour remplacer le pauvre Ravot, qui est mort de la
poitrine en route.
-Ils seront bons pour la chasse que nous allons entreprendre ?
demanda Méloir.
-Ils sont habitués à dépister un homme, vivant
ou mort, dans les rocs ou sur la grève, à une lieue
de distance, messire.
Donnez-leur seulement un jour de repos, et vous aurez de leurs
nouvelles !
-Nous les mettrons en grève cette nuit, dit Méloir
qui tourna le dos.
Bellissan avait compté sur un autre succès.
Recevoir ainsi douze lévriers de Rieux ! sans une caresse
! Un regard froid et puis bonsoir !
Il fallait que le chevalier Méloir fût malade. De
fait, le chevalier Méloir songeait aux paroles de Gueffès.
Le duc enflait et pâlissait. On prononçait le mot
fratricide à la cour du roi Charles VII, et monsieur Pierre,
le futur maître de la Bretagne,