Mais
on n'était pas au bout. C'était seulement la parade
solennelle qui venait de finir.
Le chevalier, qui semblait assez fier de son armure toute neuve,
et qui s'était tenu raide sur son grand cheval pendant
la proclamation, prit la parole à son tour.
-Holà ! mes garçons, dit-il aux soudards, faites-vous
des amis parmi ces bonnes gens qui s'éparpillent là
comme une volée de canards. Ils vont vous donner l'hospitalité
cette nuit.
Aussitôt chaque soudard courut après un paysan. Les
hommes d'armes restèrent avec le héraut et leur
chef. Celui-ci tenait déjà le petit Jeannin par
une oreille.
-Petit gars, lui demanda-t-il, sais-tu la route du manoir de Saint-Jean
? Jeannin avait grand'peur, quoique la voix du chevalier fût
pleine de rondeur et de bonhomie. Il répondit pourtant
:
-Le manoir est près d'ici.
-Eh bien ! petit gars, prends une torche et mène-nous au
manoir.
Jeannin prit une torche.
-Holà ! Conan ! Merry ! Kervoz ! cria le chevalier en s'adressant
à quelques archers, au nombre de six, restés dans
le cimetière, vous nous apporterez au manoir du pain, des
poules et du vin ; petiot, marche devant.
Jeannin leva la torche et obéit.
Le chevalier, suivi des six hommes et du héraut, chevauchait
derrière lui.
La lumière de la torche éclairait
vivement la taille gracieuse de Jeannin, et mettait des reflets
parmi les boucles de ses longs cheveux blonds.
-Voilà un gentil garçonnet ! dit le chevalier. Petiot,
tu n'as pas envie de monter à cheval et de faire la guerre
?
-Non, Monseigneur, répliqua Jeannin en tremblant.
-Pourquoi cela ?
-Tout le monde dit que je suis poltron comme les poules, Monseigneur.