femme,
son fils et sa fille, se rendirent sur la place, car il y avait
amende contre ceux qui faisaient la sourde oreille aux mandements
de la cour. En tout, hommes, femmes, enfants, le village de Saint-Jean
comptait soixante ou quatre-vingts habitants qui se rangèrent
en cercle autour des torches plantées en terre.
C'était un chevalier avec six lances et une douzaine de
soudards qui escortaient le héraut du prince breton.
Le chevalier avait une armure toute neuve qui reluisait au rouge
éclat des torches.
Sa visière était baissée.
Les trompes sonnèrent un dernier appel, et le héraut
leva son guidon d'hermine.
Le silence n'était guère troublé que par
les chiens du village, qui hurlaient à qui mieux mieux,
n'ayant jamais vu pareille fête.
«- Or, écoutez, gens de Bretagne, dit le héraut.
«De par notre seigneur, haut et puissant prince François,
premier du nom, monsieur le sénéchal fait savoir
à tous sujets du duché
de Bretagne, grands vassaux, vavasseurs, hommes-liges, bourgeois
et vilains, que monsieur Hue de Maurever, chevalier, seigneur
du Roz, de l'Aumône et de Saint-Jean-des-Grèves,
s'est rendu coupable du crime de haute trahison.
«Par quoi la volonté de mondit seigneur François
est que : ledit Hue de Maurever avoir la tête tranchée
de la main du bourreau, et voir ses biens et domaines confisqués
pour le profit de la sentence.
«À quiconque livrera ledit traître Hue de Maurever
à la justice ducale, cinquante écus d'or être
comptés sur les finances de mondit seigneur.
«Ladite sentence pour que nul n'en ignore, criée
à son de trompe dans toutes les villes, bourgs, villages,
hameaux et lieux de l'évêché de Dol, et le
double être cloué sur la porte de l'église.»
Le héraut déplia un petit carré de parchemin
qu'un soudard alla clouer à la porte de la chapelle.
Toute cette mise en scène frappait de terreur les pauvres
habitants du village de Saint-Jean.
Quand les soudards reprirent les torches plantées en terre,
et que l'escorte s'ébranla, chacun voulut s'en retourner
au plus vite.