Texte intégral du livre :

"LA QUESTION DE L'INSULARITE DU MONT SAINT-MICHEL" par l'abbé J. Descottes. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La question de l'insularité du Mont Saint-Michel

malheureusement, une tempête s'éleva dans l'après-midi, la rendit furieuse, et le soir elle fondit sur les digues comme un torrent. Elle balaya en quelque sorte celles des terrains amodiés par le domaine, et le lendemain on apercevait à peine dans la grève quelques monticules épars, seuls indices de leur existence de la veille. Notre digue de la Larronnière fut gravement endommagée; le sommet de celle du Vivier fut bouleversé depuis le Gros-Ormeau jusqu'aux moulins, l'eau envahit la route, la dégrada et pénétra jusque dans les maisons. Une partie de la digue neuve de Hirel, eut aussi beaucoup à souffrir mais c'est surtout à Saint-Benoit, à l'ouest du pont de Blanc-Essai, que les sinistres furent considérables.

Il serait difflcile, à moins d'en avoir été témoin, de se faire une idée de l'état de la mer. Elle déferlait avec une violence inexprimable; le mugissement des vagues avait quelque chose de terrible; les flots s'élevaient à une hauteur prodigieuse et retombaient avec un fracas épouvantable sur la digue, qu'ils dévastèrent dans une étendue de 75 mètres. L'épi qui avoisine le pont fut presque totalement rasé et les pierres qui le forrmaient entrainées par les ressacs, furent précipitées dans la rivière. Le pont lui-même fut un moment compromis et peut-être ne dut-il son salut qu'à un monceau de pierres déposées en approvisionnement qui, étant venu à s'écrouler par suite de la destruction du terrain contigu, arrêta les progrès du mal. La partie de la digue subjacente à la cabane d'Amelot fut également atteinte, et la cale située en face de sa maison radicalement anéantie. A Pont-Benoit, la mer causa aussi de grands ravages. Presque partout, elle. ruisselait sur la chaussée, elle s'introduisait dans beaucoup de maisons, dans quelques-unes elle s'éleva même à plus de 30 centimètres. L'effroi des habitants du littoral était à son comble, ils avaient non seulement à redouter le danger présent, mais encore ils pouvaient craindre qu'à la marée prochaine, la mer ne vînt achever son œuvre de destruction. La tempête s'étant heureusement apaisée avec le jusant, le péril disparut aussi avec elle.

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